Evangile selon Saint Matthieu, chapitre 25, versets 1 à 13
Collectivement, tous, dans ce pays, nous attendons
Qu’est-ce que nous attendons ?
Les textes de ce dimanche parlent de chercher la sagesse ; ils parlent d’espérance ; et l’évangile présente cette petite histoire de jeunes filles attendant l’arrivée de l’époux et le début de la noce, dans la nuit.
Qu’est-ce que nous attendons ?
C’est ce que je veux creuser avec vous.
Qu'attendons-nous ?
Nous attendons les décisions du gouvernement en matière de règles sanitaires, nous attendons des aides financières pour tenir dans la crise économique, nous attendons de mauvais chiffres d’affaire, des annulations de marché, nous attendons peut-être que notre emploi soit touché, attendons-nous encore un vaccin ?
Nous attendons l’évolution des chiffres de l’épidémie, nous attendons peut-être même – résigné – de tomber malade, nous attendons l’attentat suivant, nous attendons les résultats de l’élection américaine – pour penser à autre chose ou parce qu’on voudrait y voir une petite lumière dans la nuit.
Oui, notre attente est inquiète, et sombre, et les catholiques attendent la décision du conseil d’Etat pour une reprise des messes publiques
Quel mélange de désirs et de craintes ! Quel fatras intérieur s’agite en nous et nous trouble.
Mais, au milieu de tout cela, il y a une lumière : elle est resplendissante, elle est inaltérable. Il faut la dégager, la découvrir. Elle se laisse contempler par ceux qui l’aiment ; elles se laisse trouver par ceux qui la désirent. (Sagesse 6, 12-16)
Au milieu des ténèbres vous avez trouvé cette lumière : vous attendez le Seigneur dans la joie d'un cœur qui s'ouvre à ce mystère.
Oui, vous attendez une joie. Au milieu de la nuit, votre cœur reste en éveil : vous attendez la joie d’un mariage, la joie d’une fête où l’on se retrouve, où l’on s’embrasse. Vous attendez la joie du Seigneur, la joie de Dieu.
La joie de Dieu, c’est de retrouver un cœur humain comme il l’a rêvé à l’origine. Un cœur ouvert à l’infini. Un cœur sans violence. Un cœur libéré en profondeur de la peur par l’humilité et la bonté.
Comme les jeunes filles de l’Evangile, vous savez que vous êtes invités à cette joie – et cette invitation déjà est une joie inaltérable en vous. Au milieu du fatras intérieur qui nous agite tous, vous avez trouvé cette lumière : vous attendez le Seigneur dans la joie d’un cœur qui s’ouvre à ce mystère.
Vous êtes des femmes et des hommes d’espérance !
Quel don ! Quel don vous avez reçu !
Et que nous avons besoin de votre espérance, de sa joyeuse et douce lumière dans notre nuit !
Oui, nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de votre espérance.
Vous la portez en vous, fragiles, comme un trésor dans des vases d’argile.
Elle brille de l’intérieur. Elle éclaire vos vies, sans doute. Mais nous en ressentons quelque chose, autour de vous. Pour vous, Dieu n’est pas loin, il est là, il s’approche. Dans la nuit, il vient - non pas comme un vengeur, mais comme l’époux heureux de retrouver celle qu’il aime, - il vient pour un bonheur. D’où tenez-vous cet optimisme ? Ce regard bon et positif ?
Dans la nuit, Dieu vient [...] comme l’époux heureux de retrouver celle qu’il aime, - il vient pour un bonheur.
Votre espérance est une force : c’est une énergie.
Ce n’est pas la pensée magique de ces jeunes filles de l’Evangile, tombées dans la facilité :
- On n’a plus d’huile ? Pas grave, les autres vont nous en donner.
-Non, jamais cela ne suffira pour vous et pour nous.
-On arrive en retard, les portes sont fermées ? Pas grave, on va nous ouvrir – après tout, on
n’est pas n’importe qui !
- Non. Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.
L’espérance chrétienne n’est pas une pensée magique !
C’est l’énergie même de Dieu qui habite au plus profond de vos cœurs pour sortir à sa rencontre.
Où allez-vous le rencontrer ? Différent de tout et si proche, il est assis à votre porte. Au détour des sentiers de votre vie, son visage souriant s’éveille en vous - joie de reconnaître qu’il est proche.
Où allez-vous le rencontrer ?
Jésus vous l’a dit :
"j’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif et vous m’avez donné à boire ;
j’étais un étranger et vous m’avez accueilli ; j’étais nu et vous m’avez habillé ;
j’étais malade et vous m’avez visité ; j’étais en prison et vous êtes venu jusqu’à moi."
Comment faire alors que nous sommes confinés ? Vous trouverez les moyens. Ce qui compte aujourd’hui, c’est votre choix.
Nous attendons. Et la nuit nous inquiète. Il paraît y avoir bien des raisons pour que nos cœurs se ferment, pour que l’horizon de notre attention se resserre sur « vous et vos proches », comme on dit.
Mais vous êtes des femmes et des hommes d’espérance. Et nous avons besoin de gens comme vous. Vous êtes des femmes et des hommes qui croyez Dieu proche, et cette espérance est une lumière pour vous, et autour de vous. L’espérance de Dieu est en vous une énergie d’action pour notre bien à tous.
Si vos cœurs se ferment, l’obscurité de vos peurs masquera en vous l’espérance – y compris pour vous et ceux que vous aimez. Ne vous y trompez pas !
Alors :
Attendez-vous la joie du Seigneur
même dans la rencontre des difficultés
de vos frères et sœurs en humanité ?
P. Régis Grosperrin, Augustin de l'Assomption
Prière de Saint Colomban
Qu'ils sont donc heureux, qu'ils sont dignes d'envie, celles et ceux que le Maître, à son retour, trouvera vigilants. Une vigilance bienheureuse les tient éveillés pour la rencontre de Dieu, le Créateur de l'univers, dont la majesté remplit toutes choses et les dépasse toutes.
Et moi qui suis son serviteur, malgré mon indignité, que Dieu veuille m'éveiller du sommeil de mon indolence. Qu'il fasse brûler en moi le feu de l'amour divin ; que la flamme de son amour monte plus haut que les étoiles ; que brûle sans cesse au-dedans de moi le désir de répondre à son infinie tendresse.
Ah ! s'il m'était donné de pouvoir tenir à longueur de nuit ma lampe allumée et ardente ! Si elle pouvait éclairer tous ceux qui pénètrent dans la maison ! Seigneur, accorde-moi cet amour qui se garde de tout relâchement, que je sache tenir toujours ma lampe allumée, sans jamais la laisser s'éteindre ; qu'en moi elle soit feu, et lumière pour mon prochain.
Ô Christ, daigne allumer toi-même nos lampes, toi notre Sauveur plein de douceur, fais-les brûler sans fin dans ta demeure, et recevoir de toi, lumière éternelle, une lumière indéfectible. Que ta lumière dissipe nos propres ténèbres, et que par nous elle fasse reculer les ténèbres du monde.
Veuille donc, Jésus, je t'en prie, allumer ma lampe à ta propre lumière. Qu'à ta lumière je ne cesse de te voir, de tendre vers toi mon regard et mon désir. Alors, dans mon cœur, je te verrai, et en ta présence ma lampe sera toujours allumée et ardente.
Fais-nous la grâce, je t'en prie, puisque nous frappons à ta porte, de te manifester à nous, Sauveur plein d'amour. Remplis-nous de ton amour jusqu'au plus intime de nous-mêmes, qu'il nous possède tout entiers et que ta charité pénètre toutes nos facultés. Alors les grandes eaux du ciel, de la terre et de la mer ne pourront éteindre en nous une si grande charité.
Qu'en nous se réalise, en partie tout au moins, ce progrès de l'amour par ta grâce,
Seigneur Jésus Christ, à qui est la gloire dans les siècles des siècles.
Amen.
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