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Le départ de notre cher frère Yves. Textes.


Ci-dessous 3 textes: le témoignage des frères religieux d'Yves, l'homélie de ses obsèques et les textes bibliques qu'il avait choisis pour ses obsèques.



Témoignage de la communauté de Valpré pour Yves

Voici ce que nous avons reçu de notre frère Yves, ses valeurs comme assomptionniste et comme prêtre.

A comme ASSOMPTION

Yves, à 12 ans, quitte sa mère, sa grand-mère et sa Bretagne bien-aimées pour rejoindre la formation assomptionniste et la vie en communauté. Nous voici 66 ans plus tard…

Yves avait un attachement particulier à l’histoire de la Mission d’Orient et une grande affection pour le P. Galabert, son fondateur.

Quand Yves parlait de frères, il n’était jamais médisant. Bien au contraire, il racontait maintes anecdotes qui mettaient en valeur tel ou tel frère qui avait compté dans son chemin de vie.

Yves aimait enfin raconter ses obéissances lors des missions qu’il avait reçues. pour nous autres : un exemple de disponibilité et de fidélité à ses vœux religieux.


E comme EGLISE

Yves aimait l’Église. Il avait enseigné l’histoire de l’Église au Brésil. Il était particulièrement passionné par l’histoire de l’Église ancienne, à la période des Pères de l’Église.

Yves aimait l’Église naissante. Il avait travaillé au Brésil à la naissance de communautés de base et il nous transmettait de cette expérience trois principes :

_ l’Église se construit à partir des fidèles (il avait en horreur tout cléricalisme).

_ l’Église se construit par la formation des fidèles (il racontait avec joie les cours organisés dans les favellas sur les Pères et les Mères de l’Église!)

_ l’Église ne peut être que l’Église des pauvres. Il aimait citer ce mot de Dom Helder Camara : « Il n’y a qu’une Eglise : c’est l’Église des pauvres. Car dans l’Église des riches, les pauvres n’ont pas leur place alors que dans l’Église des pauvres, les riches ont leur place pourvu qu’ils se convertissent ».

Yves aimait les Eglises, notamment les Eglises de l’Orient chrétien.


E comme ETUDE

Yves, jeune religieux à Layrac, reçut un jour de son accompagnateur spirituel ce conseil d’équilibre personnel : « ne passez pas un jour sans étudier ». Il en fit une règle de sa vie et disait qu’il pensait avoir vécu cela : ne pas avoir passer un jour de sa vie sans étudier.

Ses études se concentraient sur les Pères de l’Église, notamment s. Basile, puis s. Irénée en arrivant à Lyon ; sur l’histoire de l’Église, et sur la Bible. Nous avons tous reçu de ses homélies, si travaillées et dont il tenait tant à ce qu’elles éclairent l’intelligence des Ecritures.


F comme FRATERNITÉ

Yves tenait à la fraternité universelle : une manière d’être simple, libre et franche, délicate et pleine d’humour qu’il avait envers tous. Il en faisait un repère de sa vie chrétienne ; il espérait, et priait sans doute, pour vivre cette fraternité-là.

De ses 17 ans en Turquie, il était revenu profondément convaincu qu’il fallait rechercher avant toute chose cette fraternité universelle. C’était une valeur sur laquelle il revenait beaucoup ces derniers temps. Il ajoutait que la redécouverte de la Création soutenait et appelait cette fraternité universelle.


O comme ORIENT CHRÉTIEN

L’étude de l’histoire ancienne de l’Église l’avait sensibilisé à l’Orient chrétien. C’est ce qui le détermina à quitter le Brésil où il pensait finir ses jours pour la mission d’Orient, et pour la Turquie, « la deuxième Terre Sainte de l’Église » comme il aimait à le dire. Yves avait à coeur de partager sa connaissance des particularités des églises orientales. Il avait à coeur de partager le respect et l’amitié qu’il avait pour ces églises. Ces derniers temps, il travaillait sur l’histoire de l’unité chrétienne en Orient. Et sur le service des Assomptionnistes dans ces terres. A la suite de la lignée ouverte par le P. Galabert, après de nombreux frères dont il aimait rappeler la mémoire, il aura été, lui aussi, un serviteur de l’unité et de l’amour pour les Eglises orientales.

Fr.Régis.


Homélie – Obsèques d’Yves – Samedi 6 février 2021

Chers amis

Si nous sommes là aujourd’hui, c’est qu’il nous est arrivé, au moins une fois, de nous retrouver à l’école de notre frère Yves, cette école où l’Evangile est au programme, plus exactement dont l’Évangile est le seul programme, tout le reste n’étant que pédagogie pour y conduire.

En choisissant ces textes que nous venons d’entendre, dans sa chambre de la clinique de la Sauvegarde, Yves nous a montré une fois encore, son intelligence, sa lucidité, sa foi mais peut-être encore plus son amour pour nous : il a voulu, je crois, une dernière fois éclairer notre route.

Les témoignages nous ont fait découvrir ou reconnaitre des éléments de sa vie ; on connait aussi notre frère Yves par ce qu’il a pu faire en presque 60 ans (il manque 7 semaines) de ministère. On le connait enfin par ce que Dieu a fait à travers lui, parmi nous, ici ou là-bas en Turquie, au Brésil, ailleurs... Tout se tient, tout semble unifié, comme dans les plus belles constructions théologiques de Paul, d’Irénée , de Basile et de tant d’autres. Tout se tient, Création et Rédemption, Foi, Espérance et Charité, et au final Humanité et Divinité. Tout n’est pas saint certes ; mais qu’est-ce que le péché face à la grâce du pardon ?

Tout tient en une phrase de la première lecture, peut-être la préférée de notre frère Yves : « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». L’amour de Dieu, l’Esprit Saint, le don, nos cœurs ! Avec saint Paul, Yves nous invite à unir en nous les dons de la grâce et les dons de la Nature, à nous unir à Dieu, à nous unir entre nous.

Depuis Abraham, c’est cela croire en Dieu ; c’est cela la foi, au-delà des plus beaux credo de l’Église ancienne et de l’Église actuelle.

Nos contemporains sont étonnés, eux qui ont beaucoup de « dieux » comme dit Paul ; ils nous enviraient presque : « cela vous aide à vivre ». Dans la persécution politique ou pire encore dans celle des ventres creux et des fins de mois difficiles, la foi est bien plus que cela. Elle ouvre notre intelligence à ce qu’est la vie.

Revenons dans la chambre de la Sauvegarde, il y a 10 jours. Que nous disaient le regard et le souffle d’Yves. Non pas que sous les perfusions et les cathéters, le corps tout entier était moins en vie ! Au contraire ! Son visage et ses quelques mots nous ont dit que le temps était venu pour lui de la grande ouverture à la Vie.

Mais, pour le comprendre, rassemblant ses dernières forces, il fallait se pencher sur le texte original en grec. Dieu nous a fait non pas pour Lui mais VERS lui ; l’homme est tourné vers Dieu dit Paul aux Corinthiens, dans la seconde lecture. EN Dieu, c’est trop dire ; POUR Dieu, c’est trop peu ; non VERS Dieu. Et voilà notre frère Yves tourné résolument vers Dieu, après une vie à le chercher et à essayer de nous faire, nous-aussi, nous tourner VERS Lui.

Comment faire ? La recette nous est donnée quelques versets plus haut : « celui qui aime est connu de Dieu » dit Paul. Et Yves d’en tirer la conséquence : aimons-nous comme des frères, alors nous serons connus de Dieu. Et laissons Dieu nous aimer comme des fils, alors nous le connaitrons.

A ce stade-là, la rencontre avec Dieu ne produit nulle peur, mais un pur désir. Notre frère Yves hésite : ce serait peut-être « présomptueux » - ce fut son terme - de choisir comme Évangile l’allégorie du Jugement de Dieu. Comment être sûr que je serai là, face à Lui ?

Mais puisqu’il est incontestable que le berger aime ses brebis et que, même maladroitement, la brebis aime son berger, alors, comme le dît Yves dans un souffle, se faisant ainsi sans doute le porte-parole de chacun d’entre nous : « je suis quand-même un peu brebis ». Puis un sourire.

Parce que j’ai aimé Dieu et parce que je sais qu’il m’aime.

Oui, j’ai aimé Dieu et je sais qu’il m’aime.

Pour Yves, son frère Arnaud, aa


Liturgie de la parole pour les obsèques d’Yves

Frères, 01 Que dirons-nous alors d’Abraham, notre ancêtre selon la chair ? (…) 17 C’est bien ce qui est écrit : J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de nations. Il est notre père devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas.

18 Espérant contre toute espérance, il a cru ; ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations, selon cette parole : Telle sera la descendance que tu auras ! 19 Il n’a pas faibli dans la foi quand, presque centenaire, il considéra que son corps était déjà marqué par la mort et que Sara ne pouvait plus enfanter. 20 Devant la promesse de Dieu, il n’hésita pas, il ne manqua pas de foi, mais il trouva sa force dans la foi et rendit gloire à Dieu, 21 car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis. 22 Et voilà pourquoi il lui fut accordé d’être juste.

23 En disant que cela lui fut accordé, l’Écriture ne s’intéresse pas seulement à lui, 24 mais aussi à nous, car cela nous sera accordé puisque nous croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, 25 livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.

01 Nous qui sommes donc devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, 02 lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.

03 Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; 04 la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; 05 et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.


Frères, nous savons bien que nous avons tous la connaissance nécessaire ; mais la connaissance rend orgueilleux, tandis que l’amour fait œuvre constructive. Si quelqu’un pense être arrivé à connaître quelque chose, il ne connaît pas encore comme il faudrait ;

mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est vraiment connu de lui.

Nous savons que, dans le monde, une idole n’est rien du tout ; il n’y a de dieu que le Dieu unique.

Bien qu’il y ait en effet, au ciel et sur la terre, ce qu’on appelle des dieux – et il y a une quantité de « dieux » et de « seigneurs » –, pour nous, au contraire, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous sommes tournés ; et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout vient et par qui nous vivons.


Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 25,31-46)

Jésus disait à ses disciples 31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. 32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : 33 il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.

34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. 35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; 36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”

37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? 38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? 39 tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”

40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”

41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. 42 Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; 43 j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”

44 Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”

45 Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”

46 Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

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