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De l’importance d’être rien, du confort à la Béatitude

Le texte ci-dessous est une retranscription à partir d'une prise de notes.



Textes de la liturgie du 4ème Dimanche du temps ordinaire :

Première lecture : Sophonie, chapitre 2 verset 3. Chapitres 3, versets 12 à 13

Psaume 145, versets 7 à 10

Deuxième lecture : Première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens, chapitre 1 versets 26 à 31

Évangile selon Saint Matthieu, chapitre 5 versets 1 à 12a.


Les textes de la liturgie nous proposent de méditer une fois encore sur les Béatitudes. Nous les entendons chaque année lors de la messe de la Toussaint, comme un appel à la Sainteté pour tous les saints passés mais aussi pour chacun de nous. En effet Dieu, ne parle pas dans le vide de manière imprécise, en général, de manière approximative ou à une masse indistincte, mais à des personnes, en particulier. Aussi pouvons-nous nous demander ce que nous disent précisément les béatitudes, à qui elles s’adressent pour comprendre celles qui m’interpellent et choisir comment je veux en vivre?


Dans l’Évangile de Matthieu, les Béatitudes inaugurent le sermon sur la montagne. A qui s’adresse alors Jésus ? A la foule dont de nombreux malades, possédés et pauvres nous dit Matthieu (4. 24-25). La pauvreté s’avère être la condition nécessaire pour comprendre la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus. Il n’est pas seulement question d’une pauvreté matérielle, mais aussi d’une pauvreté spirituelle que tant de personnages de la Bible incarnent : Job, Judith, Daniel, Tobie ou Elie dans l’Ancien Testament ; Marie, Élisabeth ou l’aveugle-né de Jéricho dans le Nouveau Testament.

Ainsi commencent les Béatitudes : “Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.” Ces pauvres de cœur, ce sont les petits d’Israël (voir 1ère lecture), les marginalisés, les exclus, les esprits et les cœurs brisés et humiliés. En effet, n’est-ce pas lorsque le fond est atteint, qu’on cherche une solution ? N’est-ce pas dans les ténèbres qu’on espère l’aurore d’une bonne nouvelle ? N’est-ce pas lorsqu’on ne possède plus rien et qu’on n’attend plus rien des hommes qu’on peut encore tout attendre de Dieu ?


Quant à nous, disciples du Christ, non seulement nous devons comprendre ces paroles mais aussi les vivre et les annoncer aux pauvres de notre temps. Bien entendu, à celui qui a faim ou froid, qui est exclu ou marginalisé, mais aussi à tous ceux qui se trouvent démunis, à tous ceux qui ont perdu confiance, à tous ceux qui pleurent. Dans notre monde en compétition, le doux n’est-il pas celui qui subit tout ? A eux leur est promis “la terre en héritage”. Alors que le royaume est convoité par les violents (Mt 11, 12), Jésus indique le chemin opposé. La Terre et ses destinées appartiennent à Dieu, lui-même “doux et humble de cœur” (Mt 11.29) qui l’offre à ceux qui lui sont si semblables, à ceux qui, comme Lui, ont faim et soif de justice, de douceur, de fraternité, de consolation.


Or celui qui est doux est celui qui comprend que seule la miséricorde peut guider sa vie. Pour être doux il faut être dans la miséricorde. C’est en faisant l’expérience de la miséricorde de Dieu que nous pouvons voir sa fidélité à sa Promesse et goûter à sa présence auprès de nous et du plus petit. Aussi n’ayez pas peur d’être rien devant Dieu qui peut tout. C’est dépouillé que le Fils prodigue se présente devant son Père, qui, l’ayant vu de loin, se jette à son cou et le couvre de baisers (Lc 15.20).

Courrez donc au sacrement de Réconciliation ! Vous en sortirez purifiés. Non pas comme si le sacrement nous mettait en surplomb de la société ou nous rendait infaillible ; mais comme si la miséricorde de Dieu clarifiait notre cœur et notre intelligence. "L’homme au cœur pur est celui qui distingue clairement la volonté du Seigneur et qui voit distinctement le Royaume de Dieu à l'œuvre aujourd’hui. Voyez comme l’amour de Dieu n’est pas une impasse, mais une autoroute ! Heureux les fêlés, ils laisseront passer la lumière" disait Audiard.

Le disciple du Christ devient alors artisan de Paix et fait l’objet de la persécution des puissants. Ces derniers cèdent à leurs appétits de domination, là où le chrétien recherche la fraternité.


Vous l’aurez compris, une vie de Béatitudes n’est pas de tout repos. Cette répétition “Heureux, bienheureux” est un encouragement, pas une assurance, car une vie de Foi n’est pas une vie de confort. Il ne faut donc pas s’étonner que notre annonce de l’Évangile rencontre des obstacles. Paul, dans sa deuxième lettre à Timothée, recommande à son disciple : “proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire.”. Nous ne sommes pas les premiers à essuyer le refus du monde face à l’annonce de la Bonne Nouvelle du Salut. Car le premier pauvre de cœur, le premier qui pleure, le premier doux, qui a soif et faim de justice, le premier miséricordieux, le cœur pur, le persécuté pour la justice, l'insulté, c’est le Christ ! Par sa vie, il nous a montré qu’une vie de Béatitudes était possible.


En reprenant et en méditant ce texte, dans notre prière, creusons notre désir de vivre ces Béatitudes pour qu’à partir de nos peines, de nos cris, de nos souffrances, Dieu vienne nous combler de sa présence. En effet, s’il s’est rendu vulnérable, si le Christ nous a annoncé les Béatitudes, s’il est lui-même ces Béatitudes, c’est pour nous montrer le miracle de l'Amour miséricordieux du Père à l'œuvre aujourd’hui.


P. Christophe Gosselin

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