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Résumé de la thèse de philosophie de P. Rigobert KIPANDAULI.

Dernière mise à jour : 5 mai 2021

Titre de la thèse: La religion au crible de la sécularisation dans la pensée de Charles Taylor























« Le monde dans lequel vivaient nos ancêtres, qui est un monde d’esprits (spirits), de démons et de force morale, est un monde enchanté » (Charles TAYLOR, L’âge séculier, 2011, p.54). « Le moi isolé est l’agent qui ne craint plus les démons, les esprits et les forces magiques ». (Ibid., p.244). La modernité est perçue comme un processus de désacralisation de toute transcendance pour mettre le « je » le sujet au centre de tout.


C’est ainsi qu’est née une abondante littérature contemporaine très éloquente et pertinente sur la théorie de la sécularisation. Parmi les derniers défenseurs de cette théorie, Peter Berger la résume en ces termes : « Bien que le concept de « sécularisation » renvoie à des travaux des années 1950 et 1960, le cœur de la théorie remonte en fait à l’époque des Lumières. L’idée est simple : la modernisation conduit de façon inéluctable au déclin de la religion, à la fois dans la société que dans l’esprit des individus » (Peter L. BERGER (dir.), Le réenchantement du monde, 2001, p.15). Peter Berger qui soutenait qu’ « on peut prédire, toutefois, sans grand risque de se tromper, que l’avenir de la religion, où que ce soit, sera marqué de façon décisive, par les forces dont nous avons parlé dans ce chapitre et les autres précédents – la sécularisation, la « pluralisation » et la « subjectivation » – et par la façon dont les différentes institutions religieuses réagiront à ces phénomènes » (Idem).


Hélas ! Trois décennies ont suffi pour changer totalement son opinion, comme il l’avoue en 2001 en parlant des erreurs de la théorie de la sécularisation :

« L’idée selon laquelle nous vivons dans un monde sécularisé est fausse. Le monde d’aujourd’hui, avec quelques exceptions sur lesquelles je reviendrai, est aussi furieusement religieux qu’il l’a toujours été ; il l’est même davantage dans certains endroits. Cela signifie que tout un ensemble de travaux estampillés par les historiens et les sociologues comme « théorie de la sécularisation » sont pour l’essentiel erroné. J’ai contribué à cette littérature par mes recherches passées. […] C’est prendre un grand risque que de négliger la religion dans l’analyse du monde d’aujourd’hui » (Ibid., p.36).


Que nous ayons eu plus ou moins de religion dans le passé, d’après les « récits par soustraction » (Charles TAYLOR, A Secular Age, p.22), plus ou moins de sécularisation dans l’avenir, aujourd’hui nous soutenons qu’il n’y a pas qu’un besoin de redéfinir la religion ou sa religion, mais que s’impose à et en toute conscience en quête de sens et de plénitude la soif insatiable de créer d’autres et plus de religions que celles de nos ancêtres. Nous devons nous poser en adeptes et en fondateurs ou maîtres spirituels à la mesure des défis actuelles et aux aspirations de notre humanité. Chaque conscience humaine devrait se rendre compte qu’elle a le droit de réformer, recréer ou refonder les croyances et les pratiques religieuses qui ont façonné son passé, son présent et son avenir.


Savoir ce qui s’est passé, que ce soit depuis cinq cent ans ou depuis l’apparition de l’homme, étude suffisante menée par Charles Taylor, ne devrait plus nous limiter à des constats ou des données sociologiques sur les religions mais de valoriser ou rentabiliser les ressources humaines intérieures non encore exploitées pour ouvrir les possibilités à de nouveaux horizons de sens. Cette créativité religieuse n’est plus nécessairement destinée à la survie de la religion pour elle-même, ou des institutions ecclésiastiques pour elles-mêmes, mais à l’accomplissement d’un « moi » encore plus fidèle, créatif et authentique. C’est de la réalité spirituelle que procède la religion, devenue en cet âge séculier le lien le plus intense que tout esprit humain entretient avec le sens qu’il a de sa quête de la plénitude.







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