La persécution des prophètes: fatalité biblique?
Dernière mise à jour : 16 janv.
Réflexion à partir du livre de Jérémie 11, 18-20.

Cet article du Père Yves Plunian nous aide à entrer dans la compréhension de l’arrière-fond de l’histoire des prophètes persécutés sur lequel va s’écrire la Passion de Jésus
Anatoth (aujourd'hui Anata) était une bourgade à quelque cinq kilomètres au nord-est de Jérusalem. Jérémie y souffre une douloureuse persécution de la part de ses concitoyens. Il s'en entretient avec son Dieu : « Seigneur, tu m'as fait savoir, et maintenant je le sais, tu m'as fait voir leurs manœuvres. Moi, j'étais comme un agneau docile qu'on emmène à l'abattoir, et je ne savais pas qu'ils montaient un complot contre moi. Ils disaient : «Coupons l'arbre à la racine, retranchons-le de la terre des vivants, afin qu'on oublie jusqu'à son nom !»
Que s'est-il passé ? Pourquoi cette agressivité contre Jérémie ? En 622 av. J.C., lors de travaux entrepris dans le Temple de Jérusalem sur ordre du roi Josias, est découvert le « Livre de la Loi », un code législatif (cf. Dt 12-26). Josias aussitôt décrète, dans son royaume de Juda, une grande réforme religieuse en application de ces lois : purification du Temple, destruction des sanctuaires de Baal et autres divinités païennes. Jérémie se met avec ardeur au service de la réforme avec cette destruction des sanctuaires païens de sa ville et sa région. Il ne lui en fallut pas plus pour s'aliéner ses concitoyens. Recru d''épreuve, le prophète en vient à de nouveaux épanchements de confiance qu'il adresse à son Dieu et et qu'il écrit ....: « Seigneur de l'univers, toi qui juges avec justice…, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c'est à toi que j'ai remis ma cause ! »
L'expérience personnelle de Jérémie inspirera un autre prophète après lui : la figure du mystérieux Serviteur de Yahvé, dans le livre d'Isaïe (4ème Chant, Is 52, 13 – 53, 12) prendra des traits de Jérémie persécuté : « Le Serviteur, dit Isaïe, a été maltraité, mais il se soumettait et n'ouvrait pas la bouche, pareil à un agneau qu'on porte à la tuerie...Il a été retranché de la terre des vivants, en compagnie des pécheurs qui sont frappés. » (Is 53, 7)