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Homélie dimanche 18 octobre/ Une parole libératrice dans une actualité accablante

Textes de la messe: https://www.aelf.org/2020-10-18/romain/messe



Homélie donnée à la Rédemption- Lyon 6°

Homélie dimanche 18 octobre 2020 – La Rédemption

Actualité lourde : surlendemain d’un attentat + couvre-feu/ Texte Luc 12 « rendez à César ce qui est à César…. »

Chers amis, chers frères et sœurs dans le Christ. Nous avons sans doute tous l’esprit dans le brouillard, suite à l’acte barbare commis à Conflans Saint Honorine. Avant de commenter les textes de ce dimanche, qui nous éclairent d’ailleurs dans les ténèbres de notre actualité, je voudrais accueillir d’abord notre effroi et notre stupéfaction. Nous avons sans doute tous eu cette réaction-réflexe : « ce n’est pas possible, pas chez nous, pas dans notre monde ». Oui, vraiment, nous avons du mal à nous reconnaitre dans ce monde-là.

Les commentaires fusent ; les experts se succèdent. Cela donne le vertige. On ne sait pas quoi penser… quel est le sens de cet acte s’il en a un : est-il la fin d’une série ? est-il le prélude d’un affrontement plus violent encore ? quelle est la bonne solution pour s’en sortir ? Tout cela agite nos esprits.

Je voudrais pouvoir faire preuve de sagesse, mais une sagesse sans tiédeur, car il n’y a pas de tiédeur qui tienne. Au nom du Christ, nous sommes en droit de dire : « ça suffit » ! On ne peut pas salir Dieu en détruisant l’homme, détruire l’homme en utilisant Dieu. Plus que n’importe quel dessin, ce crime est un blasphème, le pire de son espèce.

Ce qui est effrayant dans cette histoire, c’est l’apparente simplicité de la chose : un enseignant prend une initiative pédagogique ; elle ne plait pas à certains parents ou amis de parents ; la rumeur enfle ; un fou s’en saisit et c’est le crime. On n’arrive pas à discerner le moment où cet enchainement a rencontré de la résistance. Quelle instance et quelles valeurs auraient pu rompre la logique infernale ? Bienvenu dans le monde du libéralisme des mœurs et des idées, où chacun croit pouvoir penser et agir comme il veut. Or, quand un esprit fou abreuvé par un flux continu d’informations plus toxiques les unes que les autres se met à faire ce qu’il veut, on voit très vite ce que cela donne : ce terrorisme low cost, à la portée de tous ! C’est effectivement effrayant.

Notre sagesse doit donc à la fois faire place à la stupeur et à l’effroi mais aussi à la tristesse envers notre société qui ne nous aide pas assez à penser en faveur du commun, à défendre spontanément le bien commun, dès notre plus jeune âge, en un mot, à domestiquer la violence et la folie qui sommeillent en nous pour construire un monde juste et fraternel tel que le veut Jésus.

Jésus-Christ a mené ce combat. Aujourd’hui encore, dans l’évangile, nous le voyons face aux pharisiens qui veulent le piéger pour le faire mourir, dans le même genre de barbarie que celle de Conflans, peut-être même pire- si cela a sens de comparer les niveaux d’horreur.

L’actualité de cette semaine comme les textes de ce dimanche nous appellent à être des croyants sages,

· des croyants capables de prendre en charge l’humanité qui souffre, se divise, s’entre-tue même pour la ramener à elle-même, au simple bon sens en défendant tout être humain, que Dieu a créé et qu’Il attend dans son Royaume.

· Être un croyant sage c’est aussi prendre en charge l’appétit spirituel de nos contemporains, livrés à eux-mêmes, en mettant à leur disposition les lumières de notre foi, gratuitement, fraternellement.

Les textes de ce dimanche nous prennent par la main.

1. Isaïe d’abord qui nous appelle à croire en Dieu, tout simplement. De Dieu, « il n’en est pas d’autre que le Seigneur ». Donc nous devons instamment prier notre Seigneur pour le monde. Un ami Arménien rencontré cette semaine me le demandait expressément.

2. Cette foi en Dieu n’est pas une option. Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens nous parle d’une foi au travail, une foi qui fait advenir ce qu’elle croit. Foi au travail et amour à la peine, dit Paul, car il nous faut inlassablement aimer, même ,nos ennemis, et parfois c’est si dur ! Enfin, une espérance à l’épreuve. Sur ce point, nous nous reconnaissons facilement car les temps de Paul et de Sylvain n’étaient pas moins compliqués que les nôtres.

3. Enfin, l’évangile nous montre des pharisiens piégeux. Jésus dénonce leur hypocrisie. Quand il se penche sur le bord de notre âme, il doit bien faire un peu pareil. Il nous démasque donc dans nos raisonnements tordus, mais nous aide à en sortir, avec une parole libératrice que tout le monde connait, même les adversaires de l’évangile : « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Quelle force dans cette parole et quelle douceur aussi, en un mot quelle sagesse !

Posons-nous alors la question : qu’est-ce qui est à César que je doive lui rendre, ces choses qui, lorsque je les garde, m’intoxiquent. En comprenant César, non pas seulement comme le seul pouvoir politique, mais comme toute forme de domination, cela fait beaucoup de choses à laisser, ou au moins à relativiser.

Et qu’est-ce que j’ai qui soit à Dieu, que je doive le lui rendre ? L’amour, la louange, la vie… Oui, sans doute. Tout ce que j’ai reçu, tout don et tout talent. Être un croyant sage et un sage croyant c’est sans doute témoigner que la vie est un don, que la vérité de tout acte humain est dans le don et que jamais, au grand jamais, on ne prend la vie. La vie, elle ne se prend pas, elle se donne. Elle se donne magnifiquement comme parents ; elle se donne aussi discrètement par une infinité d’actes possibles.

La semaine de prière pour la mission est terminée. S’ouvre maintenant le temps d’en récolter les fruits. Dieu nous espère pleins de sagesse et de foi. Saint Jean Paul II a eu cette révélation un jour que le mal se mange lui-même tandis que l’amour est invincible. Cela ouvre bien des pistes pour les jours à venir.

Que Dieu nous comble de ses dons.

Arnaud,aa


Pour approfondir un pue le sujet: https://www.la-croix.com/France/discours-victimaires-terreau-lattentat-Conflans-Sainte-Honorine-2020-10-18-1201120114

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