Dimanche 13 sept. 2020. Célébration de la rentrée de Valpré
Dernière mise à jour : 16 janv.

Prière au début de la messe :
Seigneur, nous te confions la vie des hommes en cette année qui commence :
· La vie des peuples qui sont opprimés par leurs gouvernants
· La vie des communautés chrétiennes dans des pays hostiles
· Les pays en guerre ou dévastés par des calamités en particulier : la Corne de l’Afrique, la RDC, la Lybie, le Liban, la Californie et l’Amazonie en feu
· Le combat contre des malades et des soignants contre toutes les maladies
· Des personnes sans travail, sans terre ou sans toit, ou bien mal logés ou mal traités dans leur travail
· Toutes les personnes âgées et tous les enfants, les ados et les jeunes adultes
· Toutes les familles, toutes les personnes qui ont perdu la leur
· Tous les consacré.e.s et leur communauté de vie et de prière
· Notre vie en société et notre Église, en particulier le diocèse de Lyon et la Province Assomptionniste
Prières universelles
Aucun de nous ne vit pour soi-même
Après la séparation des vacances qui s’enrichit de rencontres nouvelles, voici le temps des retrouvailles de la rentrée.
Seigneur aide nous dans nos diverses activités professionnelles, paroissiales, communautaires, spirituelles, à nous ouvrir aux autres dans la charité, l’écoute, le partage.
Aucun de nous ne vit pour soi-même
Seigneur nous te confions les membres de la communauté de Valpré en particulier ceux qui sont malades.
Nous te confions les projets qui se mettent en place, qu’ils nous aident à appartenir davantage au Seigneur.
Aucun de nous ne vit pour soi-même
Seigneur nous te confions les membres de l’association Simon de Cyrène avec qui nous avons la joie de partager l’Eucharistie de ce dimanche.
Parce que tout être humain a besoin de relation, ouvre notre cœur pour accueillir notre prochain avec ses fragilités et ses forces, à le reconnaître tel qu’il est.
Prédication
Chers amis. Je n’irais pas par 4 chemins. Il y a bien une menace qui nous est adressée dans cet évangile. Elle est clairement exprimée, vous venez de l’entendre comme moi. On ne peut d’autant moins passer à côté que cela est très inhabituel. Très inhabituel d’entendre Jésus nous menacer ! Tellement qu’on a peine à y croire. On se demanderait même ce qu’ « il » a ce matin. « ses vacances ont dû être ratées !!! »
Quelle est-elle ? Cette menace est sur fond de commandement. Ce n’est pas la menace d’un danger mais l’avertissement de ce qui se passe quand on n’observe pas un commandement, ce qui est déjà tout-à-fait différent. Car la Bonne Nouvelle n’a pas changé : l’amour de Dieu nous relève et nous sauve ; l’amour de Dieu c’est l’autre nom de la vie éternelle, un amour si évident qu’on ne peut que constater que cette vie éternelle est déjà commencée.
Et voilà le commandement : Dieu nous a fait capable de cet amour. Alors aimons !
Ce ne doit pas être si évident que cela d’aimer car il arrive souvent que nous manquions notre cible. Manquer la cible, en hébreu, cela porte un nom, que Jésus connait parfaitement : le péché. Car Jésus le sait, il arrive à l’homme de pécher.
Pécher, ce n’est pas la fin du monde ! Si c’était le cas, le monde aurait déjà tourné court ! Pécher, c’est manquer la cible du commandement de l’amour. C’est quelque chose à corriger. Quand on en est acteur, cela demande notre humilité et nous convoque au pardon. Quand on en est victime, on est appelé à pardonner. Parce que c’est trop idiot de manquer la cible ; on ne peut pas en rester là.
Le pardon est le plus beau cadeau que Dieu nous fait. Il est aussi un trésor d’immense valeur que nous pouvons faire à autrui. Le pardon est d’ailleurs le ciment de la vie de couple. La tendresse, les projets, les enfants, tout cela ce sont les pierres du couple. Le ciment, c’est le pardon. Je ne sais que trop qu’il y a des coups qu’on reçoit qui sont, à vue humaine, impardonnables, comme on dit. Le pardon est parfois au-dessus de nos forces. « Ce prêtre qui m’a claqué la porte au nez et qui après donne des leçons, je ne peux pas le pardonner ! » Je dis ce prêtre pour être sûr de ne pas passer pour un misogyne ! Mais ça marche aussi, hélas, avec les « pas-prêtres » !
Je vais vous raconter l’histoire d’un homme, avec qui la vie n’a pas été particulièrement cruelle, mais pour qui le sort n’a toujours été clément. Ce voisin qui construit un mur qui lui gâche la vue, cette promotion professionnelle qui lui est refusée sans justification, ce moment ingrat de critique et de calomnies dans l’association où il s’était engagé, jusqu’à ce sentiment qu’on le met de côté à la paroisse … Bref, notre homme a eu bcp de torts à pardonner à son prochain. Consciencieux, il l’a fait ; il a beaucoup pardonné. Alors, quand il arrive au ciel, il ne craint pas de se présenter à saint Pierre qui le conduit à Jésus. Jésus lui demande avec quoi il monte. En quelques mots, l’homme se fait connaitre comme l’auteur de ses nombreuses plaintes et des nombreux pardons. « D’ailleurs, tu les connais, Jésus, mes pardons ! Et d’ailleurs, j’ai la liste de toutes les personnes, avec ce que je leur ai pardonné !!! »
Certes, le pardon n’est pas l’oubli. Il n’était pas demandé à cet homme d’oublier. Parfois la cicatrice est là ; oublier est impossible. C’est peut-être même dangereux. Pardonner, c’est repartir dans l’espérance ; c’est ne pas se figer et ne pas figer autrui dans un passé, dans un mauvais passé. Ce que rate le héros de notre histoire c’est d’avoir gardé trace de la faute. Pardonner, c’est faire confiance à Dieu ; c’est croire que pour Dieu, chaque jour porte un poids suffisant d’amour pour vaincre toute mort, de sorte que l’histoire de notre vie peut s’écrire à neuf.
Je vous donne une dernière information. Sur la liste de cet homme, il n’y avait pas que des noms. Il y avait aussi des dates, des moments où la vie n’avait pas été au rendez-vous, le plan n’avait pas marché, l’intuition ne s’était pas révélée juste… Mais chers amis, c’est la vie ! Le réel ne correspond pas à l’idée qu’on s’en fait. Il nous faut tout le temps pardonner à la vie. Dans l’évangile de ce jour, c’est la vie la plus grosse débitrice ; elle ne paiera d’ailleurs pas ses dettes, parce qu’elle est comme ça. Elle ne rend jamais ce qu’on lui donne. Elle rend autre chose, autrement.
Vouloir que ça colle c’est se transformer en Procuste. Vous connaissez l’histoire de Procuste dans la mythologie grecque, cet homme cruel qui veut toujours que les étrangers qui entrent chez lui soient pile aux dimensions de son lit : quand ils sont trop petits, ils les écartèlent et quand ils sont trop grands, il coupe le bout des membres qui dépassent ! Et bien malheur à ceux qui envisagent la vie comme Procuste, qui veut que tout soit carré et parfaitement ordonné…
Chers amis. Nous entrons ensemble dans une année nouvelle. Vous vous êtes peut-être dit que j’aurais pu changer l’Évangile du jour pour qu’on commence l’année avec une Parole un peu plus fun (c’est vrai qu’il en existe) Mais comme, en général, l’année n’est jamais que fun, cet Évangile-là nous ira très bien je pense. Car nous aurons sans doute des choses à nous faire pardonner.
Nous savons par l’expérience et à la lumière de la foi ce que Dieu nous demande. D’où nous pouvons aisément déduire ce que serait de manquer la cible. 3 points peut-être :
1. Ouvrir la bible ; la lire ; s’en nourrir. Ne pas attendre la messe pour le faire. L’ouvrir et la lire souvent.
2. Cultiver son intériorité. Avoir un marché du bio dans le silence de notre esprit et de notre cœur. Ne pas donner toute prise au monde. Être sage de la sagesse de Ben Sira qui nous dit : « pense à l’alliance du Très-Haut »
3. Enfin. Être libre et créatif. Hisser les voiles, prendre le large. Ne pas demander la permission à quiconque dès qu’il s’agit de suivre Jésus. Si Dieu vous inspire, soyez sûr de votre coup et allez-y. Comment être sûrs ? C’est très simple : si vous êtes seul à y aller, si personne ne vous suit, ce n’est pas bon. S’il y a plusieurs frères et sœurs en Christ dans le coup, c’est bon signe ! Nous sommes ici une communauté laïcs-religieux ; nous n’allons pas tout faire ensemble mais nous pouvons tout partager de l’Esprit de Dieu. Si l’Esprit d’unité vous pousse, alors allez, vous ne manquerez pas la cible.
Tout ceci, je le résume en une phrase : « Ayez du sel en vous-même et vivez en paix entre vous » Mc 9,50.
Enfin, encore un mot : « pardon ». J’ai été trop long !
Arnaud,aa