Comme je le soulignais en début de cette célébration, la parole de Dieu, que nous venons d’écouter, nous invitent à prier sans se décourager. Et je pense, que, Jésus a bien raison, de nous demander de toujours prier, car nous sommes trop souvent tentés de négliger ou de repousser la prière, par paresse, par découragement ou par le doute quant à son utilité.
Et comme il arrive, que nos prières semblent rester sans réponse, alors on se dit, à quoi bon prier ?
Pour nous encourager à prier, Jésus emploie la parabole de la veuve et du juge. Dans la littérature juive, la veuve est, avec l’orphelin, la figure de l’opprimé. Alors que le juge est la figure de l’oppresseur. Ici, le juge procède arbitrairement, selon son bon vouloir, car il ne craint pas Dieu et ne respecte personne. Si un juge dépourvu de justice finit par répondre aux demandes insistantes d’une veuve, nous dit Jésus, alors Dieu ne ferait-il pas justice, lui aussi ?
Cette démonstration est claire, mais cette analogie peut nous piéger. Nous sommes sur une pente glissante... Parce que nos prières ne nous semblent pas toutes exaucées, notre tentation est grande de confondre Dieu avec le juge de la parabole. Nous pouvons avoir l’image d’un Dieu qui met à l’épreuve en nous faisant patienter... ou auquel il nous faut insister pour qu’il nous vienne en aide... Cette image de Dieu est tenace, et il nous est difficile de nous en défaire.
Or, si le juge cède, après un temps, pour avoir la paix et dormir tranquille, Dieu, lui, donne, sans compter, sans attendre, par amour.
Car malgré les apparences, Dieu ne se fait pas attendre. Comme le dit Jésus dans l’Évangile selon saint Marc, « tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu, et cela vous sera accordé » (Marc 11,24)
En réalité, c’est Dieu qui nous attend. Il attend que nous soyons accordés à Lui, à son désir de vérité et de justice, car souvent nous ne voulons que ce qui nous arrange. La patience est de son côté et il attend qu’il y ait, chez nous, accueil...
« Prier beaucoup », nous dit Jésus. N’oublions pas, que lui-même était un homme de prière. Il se retirait la nuit pour prier seul.
Prier…, c’est s’ouvrir à la présence de Dieu. C’est lui laisser de la place en nous.
Prier..., c’est déjà recevoir Dieu.
Prier…, c’est aussi savoir que Dieu agit dès maintenant car nous ne pouvons prier sans que l’Esprit ne soit là.
Prier nous transforme. Notre volonté se met au diapason de celle de Dieu. Nous devenons un peu plus à son image. Et plus nous nous laissons modeler par Dieu, plus nous pouvons l’accueillir.
La première lecture nous apprend qu’à l’image de Moïse dont les bras sont soutenus par Aaron et Hour, nous ne sommes pas seuls. Les autres nous aident à prier, à cheminer vers Dieu. Nous nous sentons comme portés par les autres.
« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux » dit Jésus (Mt 18,20).
Dans les moments de doutes, quand les épreuves voire les critiques nous assaillent, il est nécessaire, il est indispensable de prier avec détermination. Dans ces situations, « la pire des tentations est de rester à ruminer la désolation ».
La prière et parfois le silence, sont nos meilleures armes nous dit saint Ignace.
Nous ne viendrons pas à bout des problèmes uniquement par des efforts humains. Nous avons besoin de la lumière de l’Esprit Saint.
Prier, c’est donner un peu de notre temps à ce qui nous est essentiel.
Alors, pour ces prochains jours, nous pouvons tous être plus attentifs à notre vie de prière... Il ne s’agit pas nécessairement d’en faire plus, mais de réexaminer la manière dont nous prions, le lieu, le moment, la durée...
L’Évangile se termine par une question redoutable de Jésus : « Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
C’est la prière qui soutient la foi, sans elle la foi s’étiole.
Que la prière ravive notre foi en Jésus et décuple nos forces pour transmettre, par des paroles et des actions, son message…
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